Le petit cahier de la CGT Éduc'action - n°48 page 11

CP dédoublés

100% de réussite en CP : de quoi parle-t-on ?

 

Depuis la rentrée, les classes de CP des REP+ sont dédoublées pour, selon le site Eduscol, « combattre la difficulté scolaire dès les premières années des apprentissages fondamentaux. »

Cette mesure, selon l’article du site, s’inscrit dans l’objectif de « 100% de réussite en CP ».

 

Il s’agirait, pour le ministère, de « garantir, pour chaque élève, l'acquisition des savoirs fondamentaux - lire, écrire, compter, respecter autrui. »

 

Quid des autres savoirs et savoir faire qui permettent à nos élèves d’accéder à une culture riche et variée, ça l’article ne le dit pas !

 

D’autant que l’article n’aborde ni le « compter » ni le « respecter autrui ».

 

Les savoirs fondamentaux pour réussir son CP se résumeraient donc aux seuls « lire, écrire ». Encore une fois de quoi nous parle-t-on ?

 

Là, il suffit de balayer la page pour voir apparaitre le visage du dirigeant du nouveau conseil scientifique : Stanislas Dehaene, promoteur du tout neurosciences et de la supposée supériorité de l’approche « phonique », l’enseignement systématique des correspondances graphème-phonème.

 

Lire, pour le ministère, n’est vu que par le prisme du décodage et l’aspect multidimensionnel de la lecture est à peine évoqué.

Pourtant, lire c’est comprendre.

 

Déchiffrer en fin de CP ne devrait donc pas être la seule ambition que nous avons pour nos élèves ; sauf à vouloir faire des élèves de simples futur·es exécutant·es capables uniquement de décoder un mode d’emploi.

 

Ce « tout syllabique », n’est pas nouveau, mais il est exacerbé ; comment croire que cela va aider nos élèves quand les évaluations PIRLS nous rappellent, année après année, que les élèves de France comprennent de moins en moins ce qu’ils et elles lisent, c’est-à-dire, sont de moins en moins lecteur·trices ?

 

Lire, c’est comprendre. Déchiffrer en fin de CP ne devrait donc pas être la seule ambition

 

Pour la CGT Éduc’action, une autre École est possible, qui vise l’épanouissement et l’émancipation des élèves, une École qui garantisse une véritable liberté pédagogique sans formatage des élèves.

 

Chrystel LEVARDON


   Publication : 18/04/18