Le petit cahier de la CGT Éduc'action - n°48 page 6 et 7

Carte scolaire

Macron fait pire que Hollande

 

Commenter la carte scolaire est un exercice douloureux depuis belle lurette. Cette année ne change rien à l’affaire, au contraire.

 

 Les dotations sont largement insuffisantes. Résultat, on ferme des classes à tour de bras, notamment dans les zones rurales (cf les articles suivants) et en maternelle hors éducation prioritaire. Ainsi, 33 % des fermetures dans l’Allier, 56 % dans le Val-de-Marne, 46 % en Seine Maritime et 53 % dans les Hauts-de-Seine sont placées en maternelle.

 

Les seuils servant de base pour les ouvertures / fermetures sont modifiés dans toutes les académies, souvent décalés de 2-3 élèves. Cela a pour conséquence directe, en tenant compte du paramètre « ultra prioritaire » se rapportant aux dédoublements, de faire monter les effectifs en moyenne à 23-25 en multiniveaux et à 29-30 (et ce même en éducation prioritaire) pour les autres.

 

La vérité des prix sur l’éducation prioritaire

Nous observons que les dédoublements se font majoritairement au détriment du rural, de la maternelle, et des écoles hors de l’éducation prioritaire. Par exemple, en Seine-Maritime, sur les 113 ouvertures de classes, 31 concernent les écoles hors éducation prioritaire, soit 27% des ouvertures. Le solde global reste négatif de 42 postes.

 

La baisse des effectifs annoncée en éducation prioritaire avec les dédoublements est la « fake new » de l’année. Le respect des 12 en CP-CE1 est une illusion car la moyenne est plutôt à 14 et il n’est pas rare que cela monte à 16-17. Le ministre est satisfait : les besoins étaient évalués à 3200 postes et il en a créé 3881 ; pourtant, toutes nos remontées font état d’un nombre insuffisant de créations. Cherchez l’erreur !

 

Pendant ce temps, les élèves de CE2 et CM « s’entassent » dans des classes où, en outre, il faudra accueillir des élèves en inclusion. Dans les Hauts-de-Seine, par exemple, le nombre d’élèves par classe des CE/CM en REP a augmenté en moyenne de 1,5 après les mesures de carte scolaire.

 

Dans beaucoup de départements, les dédoublements seront livrés aux écoles qui devront s’en accommoder avec des locaux non adaptés (des cloisons, des préfabriqués ajoutés, un cagibi), ou sans local simplement ; cela se solde par une co-intervention à 25 CE1/CE2 en REP dans les classes à Marseille.

 

Les écoles privées et l’idéologie dominante

En Mayenne, le DASEN vise la « rationalisation » des écoles publiques pour rester attractif au regard de l’offre du privé. Traduit autrement, il faut concentrer les Regroupement Pédagogique Intercommunal. Dans le Lot une école privée hors contrat Montessori soutenue par la municipalité de Roufilhac est en projet. À Paris et dans sa région, ce type d’écoles se multiplie. Le label Montessori, du nom de la fameuse pédagogue (amie de Mussolini), est vanté à tour de bras par les véhicules de l’idéologie dominante en visant leur cible préférée : le haut des classes moyennes.

 

Même le ministère s’y met : Stanislas Dehaene, le patron du nouveau « Conseil Scientifique » est le mentor de l’égérie des pro-Montessori, Céline Alvarez. Nous connaissons tou·tes un membre de la hiérarchie, qui, à mots plus ou moins couverts, explique que c’est tellement mieux que l’école ordinaire.

 

L’ASH et les élèves allophones

Au niveau de l’enseignement spécialisé, des ULIS ou de l’accueil des non francophones, les créations ne sont pas d’actualité même si ça et là quelques ouvertures de postes ou dispositifs sont consentis. Cela est loin de répondre aux besoins.

 

D’ailleurs, peu d’information sur les projets de départ en formation pour l’enseignement spécialisé. On verra disparaitre à terme les maitres·ses E et G. À l’exemple des Bouches du Rhône où il n’y a pas de création d'ULIS, d'UPE2A, de psychologue scolaire, de postes ASH, pas l'ombre de réimplantation d'un seul poste RASED G.

 

Ou encore en Seine-Maritime où 231 élèves seraient scolarisé·es actuellement en classe "ordinaire" alors qu'ils et elles bénéficient d'une préconisation de la MDPH les orientant en ULIS école ? Il faudrait à minima 20 ULIS école supplémentaires. La DASEN crée 3 ULIS et procède à 3 transferts ! Totalement insuffisant.

 

Pourtant, en ce qui concerne les ULIS, lors de la répartition des postes faite par le ministre lors du Comité Technique Ministériel de décembre, il avait été indiqué que 100 postes supplémentaires seraient employés pour la création d'ULIS école. Ces postes doivent donc être pris hors la dotation académique.

 

Ne parlons pas des RASED : si le handicap est mal traité, l’enseignement dapté, la lutte contre les difficultés scolaires, sont enterrés. Il n’y a quasiment aucune création de poste en RASED !

 

Le remplacement

Nous constatons que de plus en plus de départements font le choix de supprimer définitivement les ZIL et d’élargir les zones de remplacement ainsi que leur durée. Les recteur·rices s’appuient sur un cadeau de Hollande avant son départ, la circulaire 2017-050, qui laisse les IA/Dasen seul·es décisionnaires de la taille des zones de remplacement. Mais cela se heurte parfois à la résistance des collègues et des organisations syndicales ; ainsi, dans l’Essonne, le DASEN a dû reculer dans son projet de transformer tous les postes de ZIL en brigades.

 

En guise de conclusion

Pour résumer, la logique de la suppression de postes de fonctionnaires continue de faire des ravages dans l’École, selon la même logique que celle de Sarkozy et de Hollande. La réduction des effectifs annoncée dans certaines classes d’éducation prioritaire est une vitrine qui cache mal la hausse généralisée des effectifs partout ailleurs, soit par des fermetures, soit par des refus d’ouvertures.

 

 Élena BLOND

& Jean GRIMAL


   Publication : 18/04/18